Gryffondor et Serpentard, une grande histoire... de haine.

Une expression plus tendue secoua les traits de Bellatrix.

- Tous les chemins mènent à la même chose. Parfois j'ai vraiment l'impression d'être... Je ne sais pas comment expliquer... Un mouton, voila un mouton. Bref, j'ai une dernière question. Pourquoi tu restes avec eux ? Tu vaux mieux que ça et tu le sais très bien. Alors pourquoi ?

L'allusion au mouton, le panurgisme absolu, était en accord avec l'opinion de Rodolphus. Il était vrai que leurs conditions leur faisaient manquer d'indépendance. Ils étaient prisonniers d'un cercle vicieux, immuable et - à m'en plus douter - fatal. C'était ainsi. Cynique oblige. Et sans le cynisme : la déchéance. La dernière question lui revint en mémoire. D'un mouvement rapide, il jeta un coup d'oeil à la bande de Serpentard avec qui il était. Ils avaient attendu Rodolphus un certain moment, mais avaient fini par renoncer et étaient partis dans le parc. D'ici, on les entendait rire bruyamment. La discrétion ne faisait pas partie de leur vocabulaire, évidemment.

- Eux.. ? fit-il avec un petit sourire. Tu sais, je ne reste pas souvent avec eux... De temps en temps, seulement. Leur idiotie est utile : elle m'empêche de penser. Alors, pour éviter la saturation psychotique, rien ne vaut un séjour dans cette bande.

La misanthropie de Bellatrix Black détonna.

-Peux être que je veux être seule. Je n'aime pas vraiment le contact avec les autres. Ils chercheront toujours à te blesser ou à t'utiliser. Je ne suis pas comme eux, je refuse le contact pour justement ne pas profiter des autres, ou simplement ne pas être blesser. Et puis je n'ai rien à leur offrir. Je suis simplement et définitivement différente ! En bien ou en mal je sais pas. Je ne veux pas le savoir.

Venant de la bouche d'une grande manipulatrice et d'une peste en série, ces paroles étaient difficilement crédibles. Pourtant, elle semblait réellement sérieuse, et anormalement joyeuse. Pendant quelques secondes, Rodolphus pesa le pour et le contre. La croire réellement, ou faire semblant de la croire ? Oui, parce que le jeune homme masquait bien souvent son opinion. Jamais au grand jamais il avouerait un désaccord - comprenons un réel désaccord, non pas une pacotille juvénile. Finalement, il choisit de la croire. Du moins, il s'en convainquait.

- Si tel est ton choix, on ne peut combattre ta nature.

Il avait opté pour une réponse plutôt neutre, après l'aveu de sa camarade.

- Tu ne me crois pas, hein ? Je comprends c'est difficile de croire que la Garce insensible que je suis puisse dire cela en tout franchise. Je te croyais plus intelligent que cela. On ne vit pas dans le même monde. Toi, tu joues aux dames, moi, au échec. Bon jeu Rodolphus, j'espère que ta partie sera enrichissante.

Elle lui déposa un rapide baiser sur la joue avant de disparaitre dans le parc. Il ne cilla pas, et retourna les dires de Bellatrix plusieurs fois dans sa tête. Evidemment, sa tirade était maladroite : la tolérance ne pouvait être mêlée à l'intelligence, selon Rodolphus. Le Seigneur des Ténèbres, par exemple : il était doté d'une grande intelligence, mais il n'était en rien tolérant. Bellatrix est lui ne jouait pas dans la même cour, de toute façon. Malgré ses aveux on ne peut plus surprenant, elle restait terriblement spontanée et impulsive. Mais c'était dans sa nature, et on ne pouvait pas changer les gens. Et puis, qui parlait de changer Bellatrix Lestrange ? Elle était déjà loin et n'avait aucune chance de l'entendre, mais il murmura :

- Mais j'ai gagné depuis bien longtemps, Bellatrix...

Il glissa une main dans la poche de son pantalon et se dirigea vers l'extrémité du parc.